De Jean-Luc à Marilyn

ou Mélenchon le maudit

Certains hommes politiques plus que d'autres alimentent les fantasmes des commentateurs spécialisés. Partant d'un personnage qui galvanise l'imagination des médias, Son Pépère a cru bon de laisser filer à vau-l'eau ses propres théories. Contrairement à son habitude, il n'a pas ici masqué les noms véritables des personnes qu'il cite, pensant être plus clair.

Jacon, fidèle secrétaire.

Un personnage politique est venu occuper le devant de la scène depuis assez peu de temps. Il a donc fallu en hâte le répertorier pour mieux qualifier son action.

Aussi a-t-on pu lire tout à la fois qu'il faisait le jeu du Front National, de l'UMP, du PS, des communistes, du NPA, mais aussi qu'il était un agent de la Chine et même des Etats-Unis, pourquoi pas de la Russie.

Mais nous allons plutôt nous pencher sur la façon dont il a été catalogué comme "le Le Pen de la gauche". Ces deux personnages en effet parlent correctement un Français recherché dont la syntaxe n'appelle pas de  critique ; ils font volontiers étalage de leur culture se montrent talentueux tribuns. Voilà pourquoi on a trouvé astucieux de glisser l'un dans la charrette d'infamie de l'autre. Et puis, comme disent les philosophes et les géomètres, "de toutes façons, moi je le dis, les extrêmes se rejoignent. Allez patron, resservez-nous un p'tit Muscadet".

Son Pépère a tiré de sa mémoire un cas comparable : il existait naguère un homme politique incolore nommé Michel Crépeau; à la tête d'un parti fluctuant, il fut longtemps maire de La Rochelle. Un jour, un journaliste inspiré le qualifia de "Chaban-Delmas du Centre". Ce point n'aurait aucune importance, il n'a d'ailleurs pas eu grand retentissement, s'il n'était exemplaire : pourquoi ces deux politiciens ont-ils été classés dans le même tiroir? On a bien prétendu qu'ils avaient des destins similaires : la nature les gratifia en effet l'un et l'autre d'un père et d'une mère, ils étaient allés à l'école primaire avant d'aller au collège et au lycée et, enfants, ils se plaisaient à sculpter des hauts-reliefs dans la purée qu'on leur servait; on pourrait faire un inventaire interminable de leurs points communs, mais la seule raison vraisemblable, qui ne fut pas avouée, c'est qu'ils avaient l'un et l'autre la même voix de fausset : un auditeur distrait aurait pu les confondre et l'imitateur de l'un pouvait aisément contrefaire les propos de l'autre. Ce détail servit de prétexte à un rapprochement audacieux.

Partant des deux exemples qu'il vient de citer, Son Pépère va faire quelques propositions à l'usage de tout un chacun :

-Vous militez dans le groupe local d'une ONG humanitaire, mais vous avez une mèche rebelle sur le front ; mieux, vous cachez une cicatrice palatine inopportune par une petite moustache; savez-vous que vous pouvez vous targuer d'être "l'Adolphe Hitler d'Amnesty International"? Voyez cependant si cela ne nuit pas à l'image de votre section.

- Dans votre maison de retraite, on déplore votre hygiène buccale défaillante et l'odeur fétide qui suit vos déplacements. Vous serez donc "le Che Guevara du foyer Dupont-Dubois^"1. Vous aurez légitimité à vous couvrir du béret mythique. Ne vous étonnez pas toutefois si la police vous a fiché dans la catégorie des rebelles.

- Vous êtes un amateur d'art acharné, personne dans votre quartier n'a une collection de tableaux aussi belle et fournie que la vôtre. Si vous habitez le quatrième arrondissement de Paris, vos amis pourront alors vous nommer "le Maréchal Göring" de la rue des rosiers. N'en attendez quand même pas beaucoup de sympathie de la part des voisins.

- Votre bière préférée est-elle la Corona? vous voici "le Jacques Chirac du bar de la Chouette". Les sarkozystes du comptoir vous tournent le dos.

- Vous êtes sans domicile et vous avez mal à l'estomac, bienvenue au "Napoléon Bonaparte du squat Eunivret". Surveillez vos arrières si l'un de vos compagnons d'infortune s'appelle Blücher.

- Vous avez dans votre poche une boîte d'allumettes subtilisée à vos parents, vos camarades voient en vous "le Néron du CP". Ils vous dénoncent aussitôt à la maîtresse.

-Vous avez été jadis chauffeur de car dans l'Yonne. Les mamans vous jettent des pierres en criant "A mort Emile Louis!".

- Vous avez un naevus sur la joue, vos sœurs vous appellent "la Marilyn du couvent" et mettent en doute votre moralité.
N'hésite pas, Ô  lecteur rare donc précieux, à nous envoyer d'autres exemples qui te viendraient à l'esprit, afin que nous les ajoutions dans cet article.
 Son Pépère vient de faire ici la preuve qu'il est facile d'être rangé dans la même catégorie que des personnages connus, mais que la gloire ainsi acquise peut s'avérer embarrassante.

1A la Nostérieure, la maison de retraite Dupont-Desbois est aussi appelée "foyer"